Mylène Jeanneret, professeure d’allemand : « Relier concrètement les élèves à l’Allemagne »

Mylène Jeanneret enseigne l’allemand depuis 23 ans dans un lycée professionnel près de Strasbourg, le lycée Aristide Briand à Schiltigheim à la frontière de l’Allemagne, après avoir connu une première carrière d’enseignante Outre-Rhin. Cette proximité géographique avec l’Allemagne a des répercussions sur son enseignement de l’allemand comme sur les expériences et les apprentissages des élèves.

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« Enlever les barrières dans les têtes »

Grâce à la politique académique et régionale et aux moyens afférents, Mylène Jeanneret peut dispenser jusqu’à 4 heures d’allemand à des élèves LV1 en 2nde, 1ère ou Terminale, soit deux fois plus que les horaires plancher : 1h de renforcement en classe européenne et 1h en allemand professionnel. Ces moyens complémentaires de l’académie comme de la Région Alsace permettent à Mylène d’effectuer tout son service d’enseignement en allemand dans le lycée professionnel, lui garantissant donc une stabilité dans le poste, ce qui est de plus en plus rare. C’est une condition propice, voire nécessaire pour un engagement à temps complet au service des apprentissages de la langue, de la formation de ses élèves et dans la conduite de projets franco-allemands, culturels, linguistiques et professionnels. Les deux dispositifs supplémentaires délivrent des mentions au bac, mention européenne et le diplôme supplémentaire « d’Allemand en milieu professionnel » ainsi que l’attestation EUREGIO « Région du Rhin supérieur » qui est reconnue en Allemagne, dans la Forêt Noire comme en Suisse dans la région de Bâle. Ces moyens permettent de former et notamment de préparer les élèves à leurs périodes de stage en Allemagne : tous les élèves durant leur scolarité font un stage dans l’hôtellerie dans des établissements allemands.

Amener tous ses élèves de lycée professionnel à faire leur stage en Allemagne est parfois un « challenge », mais Mylène « est convaincue [et les convainc] que ça va être une bonne expérience ». Si des élèves sont parfois réticents, craintifs avant de partir en stage de 5 semaines, Mylène retrouve ses élèves « toujours enchantés » de cette expérience. Le stage en Allemagne donne un débouché concret, un sens à l’apprentissage de l’allemand, et leur donne aussi des perspectives professionnelles internationales puisque certains élèves trouvent un emploi dans un pays germanophone. Si le stage est une période de découverte professionnelle, c’est aussi une expérience interculturelle : les élèves découvrent des différences culturelles dans l’art de la table ou encore dans le relationnel au chef puisque la hiérarchie est moins rigide de l’autre côté du Rhin. Des barrières finissent par tomber : linguistiques, professionnelles et mentales. A la fin du stage, Mylène et l’un de ses collègues en hôtellerie se rendent sur le lieu du stage pour évaluer le stagiaire.

Un enseignement « concret » : des échanges et des projets franco-allemands

Mylène place donc ses élèves en stages, qui est un des aboutissements des apprentissages, et dans le cadre de ses heures de cours, elle propose aussi de nombreux projets pédagogiques qui leur permettent d’être à la rencontre des élèves allemands. Un moteur de son enseignement est de rendre « concret » l’enseignement, de le diriger vers la rencontre en-dehors de la salle de classe et à la rencontre des Allemands. Mylène mène un échange avec une école professionnelle allemande qui permet aux élèves de passer une journée en binôme franco-allemand dans les cuisines du pays partenaire et de visiter des entreprises.

Dans le cadre de la journée franco –allemande du 22 janvier et du 60e anniversaire du Traité de l’Elysée, Mylène mène un autre projet franco-allemand avec une autre ville allemande voisine. Les élèves français et allemands participent à un concours de slam avec le duo franco-allemand Zweierpasch organisé par le rectorat de Strasbourg et le centre culturel de Fribourg. Les classes françaises et allemandes ont enregistré en studio deux slams avec un slameur professionnel.

A la fin de l’année scolaire, Mylène organisera une journée de nettoyage franco-allemand en France ou dans la ville allemande frontalière pour sensibiliser les élèves à l’écologie, à la propreté, au respect de son environnement. Les élèves sont reçus à la fin de la course par la mairie de la ville de Schiltigheim qui leur délivre une attestation d’engagement écocitoyen.

De l’ambition pour les élèves du lycée professionnel

Pendant la période de la Covid et du premier confinement, les élèves ont élaboré un slam franco-allemand sur le thème de l’écologie qu’ils ont terminé depuis leur domicile en collaboration avec leur enseignante. Ils ont procédé aux ajustements textuels et aux réglages musicaux et ont fait preuve de motivation et d’une grande autonomie. La production finale a été diffusée sur Youtube par les musiciens franco-allemands Zweierpasch depuis la salle des fêtes de Kehl. Tous les participants et autres invités pouvaient assister à la célébration des remises de prix franco-allemands et partager leur commentaire sur la plateforme numérique. Le groupe de Mylène a obtenu la seconde place sur plus de 50 établissements, et il était le seul lycée professionnel à participer au concours.

Mylène enseigne l’allemand, dans une salle de classe, cherche les lieux de stage, appelle les élèves et établissements durant le stage en Allemagne où elle se rend, cherche des financements pour tous ces projets : rectorat, OFAJ, Région.

Elle organise également régulièrement des sorties pour ses élèves dans les musées, zoos, villes et des entreprises allemandes en Forêt Noire. L’ambition, l’ouverture pour ses élèves, culturelle, géographique sont des moteurs pour Mylène.

Pour chacun de ses projets pédagogiques ou de mobilité, Mylène obtient des subventions, ce qu’elle commente, au détour d’une phrase, modestement « c’est le professeur d’allemand qui décide comment s’investir ».

Djéhanne Gani

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