« Nous sommes assis sur une cocotte-minute qui ne demande qu’à exploser », écrivait la professeure Marie-Pierre Jacquard en février 2023 à sa hiérarchie pour dénoncer des faits relevant d’agressions sexuelles présumées commis par un collègue. La lanceuse d’alerte a été ignorée pendant presque deux ans. Deux ans de silence, de courriers restés sans réponse, d’alertes minimisées, de témoignages méprisés. L’affaire du lycée Pierre Bayen, à Châlons-en-Champagne, n’est pas qu’un scandale de plus : c’est une démonstration de mécanismes institutionnels agissant au détriment de la protection des enfants et des lanceurs d’alerte.
La lanceuse d’alerte met en lumière presque deux ans d’inaction, mais peut-être aussi plus de deux décennies de silences. « L’administration s’est trompée d’objet en se focalisant sur l’enseignante lanceuse d’alerte jusqu’à prendre une décision collective de ne pas la recevoir, ce qui a conduit à un préjudice » juge le rapport confidentiel de l’IGESR consulté par le Café pédagogique, à l’issue de l’enquête administrative sur les dysfonctionnements du lycée en juin 2024. Des élèves, des anciens élèves, une professeure ont non seulement parlé mais alerté. Dès lors, une question est toujours en suspens : quand la parole est libérée, comment agir, protéger et ne pas redoubler le préjudice subi par la violence du silence.
Retour sur deux ans d’alertes répétées, d’accusations graves et de dysfonctionnements
En 2021, Marie-Pierre Jacquard, alors professeure au lycée Bayen, commence à recevoir les confidences de plusieurs élèves et anciens élèves dans la lancée du #balancetoncirque, un mouvement d’étudiants du Centre national des arts du cirque (CNAC) où intervient également son collègue, professeur du lycée. Le CNAC met fin à sa collaboration avec celui-ci et alerte le lycée sur le « comportement de prédateur » dont est accusé l’enseignant en poste depuis 1993. La proviseure écrit au rectorat, au DASEN et au cabinet du recteur en juillet 2021 en évoquant un « événement externe ». Selon les éléments du rapport confidentiel de l’enquête administrative rendu en juin 2024, rapport que le Café pédagogique a pu consulter, les échanges n’auraient alors pas porté sur le professeur, le danger ou risque, mais sur les modalités de réponse à la presse.
Des accusations graves de harcèlement sexuel sont faites publiquement en 2021 à l’encontre du même professeur, sans être suivies d’effets dans l’Éducation nationale malgré les nombreuses alertes ; et durant l’année 2022, Marie-Pierre Jacquard continue de recevoir de « nombreux témoignages d’anciens élèves qui attestent d’une attitude proche du harcèlement, d’emprise, de manipulation psychologique de la part de M.V. elle ne sait pas quoi faire de cette parole, elle est démunie », note le rapport confidentiel IGESR.
« Faire l’autruche est très tentant », écrit l’enseignante, qui continue de donner l’alerte, en février 2023 à la direction de l’établissement, poursuivant « notre société est une grande spécialiste en la matière, il n’en était pas question pour moi. J’ai choisi ce métier en grande partie par loyauté envers les enfants et pour les protéger ». Elle décrit la confiance gagnée auprès des élèves au fil des semaines, les appels et dit vouloir « se décharger » de ce que « au fond nous savons tous ». « Je sais donc, plus que jamais, que nous sommes assis sur la cocotte-minute qui ne demande qu’à exploser » prévient-elle, avec le présage de l’explosion : « quand l’explosion aura lieu, je veux me sentir sereine d’avoir prévenu, d’avoir essayé de protéger ».
Pourtant, la lanceuse d’alerte en est convaincue, si, comme elle, la direction avait « vu les yeux des élèves » alors elle aurait compris. Elle aurait perçu leur peur panique, compris les premiers silences gênés. C’est en les voyant que Marie-Pierre Jacquart s’est dit « c’est la catastrophe ».
L’association « Colosse aux pieds d’argile » alerte également en avril 2023 les ministères compétents, l’académie et le procureur de la République. Elle effectue un signalement en vertu de l’article 40 du code de procédure pénal avec quinze témoignages à l’appui. Ceux-ci évoquent : « la discrimination, l’humiliation, l’emprise, les intimidations et les menaces, les intrusions dans la vie privée, la trop grande proximité avec les élèves garçons, les propos et gestes déplacés, la sexualisation des cours et des corps des élèves et un comportement à connotation sexuelle », lit-on dans le rapport interne du ministère.
Un point de situation de la proviseure est fait au Dasen le 7 avril qui transmet au DRH. Le cabinet du recteur dit ne pas avoir été informé avant juin, soit deux mois plus tard, pour des raisons administratives, car le signalement aurait été fait au ministre des Sports. Le DRH ne fera pas suite, selon l’enquête interne qui interviendra plus tard, « pensant de façon erronée mais de bonne foi que l’inspection pédagogique avait été saisie ».
Le parcours de combattante de la lanceuse d’alerte
La démarche de Marie-Pierre Jacquard lui vaut alors l’isolement, la suspicion, et des remises en cause de ses motivations. Les relations avec la direction se sont tendues et dégradées. Dans un rapport qu’elle adresse au recteur en avril 2023, elle décrit un sentiment de solitude en l’absence de soutien ou demande d’audience de sa hiérarchie. Elle explique vouloir par ce courrier « protéger les élèves et [s]e protéger » : « les élèves de l’option Arts du cirque comptent sur moi : je suis submergée mais déterminée à les protéger ». Elle poursuit « leur courage a été incroyable même si beaucoup ont peur de Monsieur V.. Moi aussi j’ai eu peur de mon collègue et je me sens coupable de ne pas avoir vu et compris assez tôt ce qui se passait et surtout d’avoir été manipulée ». Elle ajoute que « le refus d’avoir pris en considération [s]es alertes répétées a eu pour effet de dégrader [s]es conditions de travail, d’altérer [s]a santé, de porter atteinte à [s]a dignité et d’être susceptible de compromettre mon avenir professionnel »
Elle joint à son courrier l’article de l’Union du 9/7/21, du post #balancetoncirque qui dénonce le comportement de prédateur. Elle précise avoir transmis les informations à la direction de son établissement qui « réitère sa position : l’administration du Lycée a rencontré M. Vey, a parlé avec lui de tout ce que les élèves leur avaient rapporté mais qu’il ne s’agit que de ‘bruits et rumeurs ». Il n’y a pas d’enquête, pas de plainte, il n’y a alors aucune raison pour l’administration de prendre des mesures et de retirer M. Vey de l’option Arts du cirque. « Face à ma réaction – je m’interroge à haute voix pourquoi l’administration fait l’autruche », la Proviseure m’indique simplement « avoir fait remonter au rectorat ».
Une demande de protection fonctionnelle… refusée
En grande souffrance, Marie-Pierre Jacquard accompagne ce courrier d’une demande de protection fonctionnelle qui reste sans réponse. Il dira aux auteures du rapport avoir été informé par l’inspection d’une situation de conflit interpersonnel, et conforté par la direction de l’établissement avec une possible instrumentalisation de la lanceuse d’alerte. Le recteur de l’académie Olivier Brandouy transmet au service juridique, précisant : « attention, terrain miné, me tenir informé ». Il n’y a pas de médiation, ni, audition, ni suite, ni enquête interne.
La cheffe du service juridique écrit en avril 2023 au DRH au sujet de la demande de protection fonctionnelle : «si les propos avancés étaient vrais, il faudrait qu’on agisse au plus vite pour éviter un contentieux potentiel avec les élèves qui estiment avoir été victimes ». Il s’agit de la seule expression relevée dans le rapport suite à l’enquête administrative qui fait état des responsabilités envers les victimes présumées. Ce mail est resté sans réponse, un problème de messagerie selon le DRH. La cheffe du service juridique formulera ultérieurement une deuxième alerte au cabinet : « il aurait fallu entendre toutes les parties, interroger les élèves, pour voir en interne si les propos (de MPJ) étaient fondés. Il fallait interroger tout le monde. Je l’ai dit au recteur car j’ai compris que des personnes étaient au courant depuis au moins deux ans, la proviseure, les IA, IPR. Je ne sais pas quel est le niveau d’information de la DRH ».
Le 15 juin 23, le recteur prend connaissance du dossier de l’association Colosse aux pieds d’argile avec 15 témoignages. Il reçoit le lendemain le syndicat SNEP-FSU au sujet de la demande de protection fonctionnelle. Les auteures du rapport de l’IGESR écrivent que « les échanges avec la procureure le confortent dans sa lecture d’une absence de danger (…). Ainsi pour le recteur, le reste est suivi par le DRH, il n’a pas de raison de mettre en place un suivi particulier ». La demande de protection fonctionnelle est refusée.
Le 12 juillet, l’avocat de l’enseignante saisit le cabinet du recteur et exprime son incompréhension devant l’absence de réaction avant la rentrée 2023 qui arrive, à savoir l’absence de toute mesure conservatoire pour éviter le renouvellement des faits. Le 19 juillet, le rectorat refuse la demande de protection fonctionnelle réitérée par un courrier de l’avocat qui qualifie l’enseignante de lanceuse d’alerte.
Durant toute cette période, l’enseignant visé a continué d’enseigner, et a même accompagné un voyage scolaire en février 2023. Ce n’est qu’en septembre 2023 — plus de deux ans après les premiers signaux d’alerte — qu’il est suspendu après une plainte pour viol, avec entre-temps un changement de recteur. Le 28 septembre, un ancien élève est reçu par le DRH qui confiera à la mission d’enquête administrative interne un « témoignage des plus difficiles à entendre de [s]a carrière ».
Durant presque deux ans, les alertes n’auront pas suffi pour ouvrir une enquête ou des mesures par l’administration, et le suicide du professeur en décembre 2023 met fin à l’action pénale : neuf plaintes déposées par les victimes, pour viol, agression sexuelle, harcèlement sexuel et moral, sont classées par la procureure de Châlons-en-Champagne.
Une enquête administrative interne, enfin !
Une enquête administrative, « relative au traitement par l’administration des informations concernant un professeur du lycée Bayen de Châlons-en-Champagne (académie de Reims) » est alors diligentée, en février 2024, par la ministre Belloubet, dont le directeur adjoint de cabinet est … Olivier Brandouy, ancien recteur donc de cette même académie jusqu’au 30 août 2023, où il rejoint le cabinet du ministre l’Éducation nationale Gabriel Attal.
Pour les auteures du rapport interne de 34 pages, réalisé après 42 auditions, « les appels et indices parvenus sur plus de deux années justifiaient d’investiguer et d’informer. Pour la mission, en ne le faisant pas, la proviseure a manqué à ses obligations professionnelles […]la santé au travail est à considérer dans ses composantes physique et mentale. Ce dernier point pour la mission est à considérer eu égard au traitement de l’enseignante binôme par l’administration ».
Le rapport décrit « un professeur brillant et charismatique » : l’« aura intellectuelle », l’« influence dans le milieu culturel châlonnais » et institutionnel sont soulignées : Pascal Vey était professeur relais à la DAAC, conseiller à la DSDEN, et a participé à l’écriture du programme scolaire via l’Inspection Générale en 2018. Les inspectrices générales notent dans l’enquête qu’il « rayonne dans cette petite ville où ‘les ponts entre le milieu journalistique/politique et les enseignants conduisent les cercles locaux à investir fortement l’établissement ».
Pour la lanceuse d’alerte, pourtant, « tout le monde à Châlons savait ». Elle décrit une omerta dans le lycée. Au fil des échanges, confidences des anciens élèves, de ses questions, elle finit par comprendre et apprendre que le grand amour souvent évoqué par P. V. était un de ses anciens élèves dans les 90’s. Et que d’autres le savaient ou s’en doutaient.
Les auteures de l’enquête interne reconnaissent toutefois un « manque général de discernement » : « le sujet de fond sur la réalité potentielle des faits et le besoin de protéger les élèves n’a pas émergé car ce risque n’a pas été évalué ». Le rectorat n’a considéré la situation qu’à travers la proviseure : l’investissement de Pascal Vey est souligné, comme l’absence de plainte, ou de délit. Le rapport s’interroge « sur la primauté de protéger l’institution au besoin de protéger l’institution d’un risque de diffamation face à un risque potentiel éventuel pour les élèves ».
La proviseure adresse au recteur une note le 6 novembre 2023 dans laquelle elle utilise les termes d’ « emprise et instrumentalisation » au sujet de …la lanceuse d’alerte.
Dans leur conclusion, les enquêtrices estiment que « l’administration s’est trompée d’objet en se focalisant sur l’enseignante lanceuse d’alerte jusqu’à prendre une décision collective de ne pas la recevoir, ce qui a conduit à un préjudice ». Leur rapport pointe une responsabilité dissoute, une confusion avec des échanges cloisonnés dans la chaine hiérarchique : « chacun pensait que l’autre prenait en charge la situation ».
Une affaire qui illustre « les dysfonctionnements de l’Éducation nationale »
Le rapport de la commission d’enquête Vannier-Spillebout, rendu public en juillet 2025, a consacré un passage à « l’affaire de la section cirque du lycée public Pierre Bayen de Châlons-en-Champagne : une illustration des dysfonctionnements de l’Education nationale » ? Il décrit une chaîne de responsabilités diluées, des alertes ignorées, et une culture de la silenciation. Les inspectrices générales en charge de l’enquête administrative décrivent une « succession des évènements depuis juillet 2021 [qui] n’a pas constitué un niveau d’alerte suffisant aux yeux de l’administration pour que soit engagée une enquête interne avant octobre 2023 ».
Les rapporteurs de la commission parlementaires relèvent « des approches totalement distinctes de deux entités publiques dépendant de l’État : le Cnac, opérateur de l’État financé par le ministère de la culture, a immédiatement pris des mesures conservatoires tandis que l’éducation nationale est restée sans réaction, malgré́ des alertes répétées du Cnac et de nombreux échanges entre les deux structures entre 2021 et 2023 ».
De 1997 à 2000, Ségolène Royal, ministre déléguée à l’enseignement scolaire, affichait à son agenda la lutte contre les violences et la pédocriminalité, dans le public. Ce n’est donc pas un manque de textes, mais un manque de culture du signalement, ont souligné les co-rapporteurs de la mission parlementaire Paul Vannier et Violette Spillebout durant les auditions qui ont produit une telle situation. Ils identifient un déficit de formation, de l’Éducation nationale qui ne forme pas assez ses personnels à reconnaître les signaux faibles, ni à agir.
Une des victimes de Pascal Vey l’exprime ainsi : « Le silence s’organise par méconnaissance ou par ignorance. » Les personnes qui parlent — élèves, personnels — peuvent se retrouver seuls. Et les victimes, il en est peu question. F. témoigne lors du contrôle sur place et pièce au lycée Bayen. Il écrit aux co-rapporteurs de la mission parlementaire : « Les propos techniciens, juridiques, managériaux des plus hautes instances du ministère (IGESR, DGRH, etc.) sont nécessairement froids. Ils sont aussi malheureusement glaçants. Il y a une révolution copernicienne à effectuer, consistant à adopter très vite, et très bas dans la chaine de remontée des informations, le point de vue des victimes ». Il souligne la violence de l’isolement, de la fragmentation, la manque de formation. Il compare les silences dans l’Eglise à celui de l’Education nationale et les analyse comme une « mécanique d’auto-défense institutionnelle » avec « l’étouffement ou l’évitement du scandale, par la minimisation, la sous-qualification ou le silence organisé. C’est ajouter un peu plus de violence à la violence ».
Des alertes et des victimes
La lanceuse d’alerte déterre des douleurs parfois enfouies, des témoignages de terreur, de manipulation. Une scène de viol est décrite, de masturbation. Un témoignage d’un élève dit « j’étais surpris, j’étais pétrifié ». Un autre précise « j’étais vierge », ou encore « je me suis laissé faire ». L’enseignant invitait les garçons chez lui, un témoignage évoque « la pression de garder une bonne image à ses yeux [qui l’]’empêche de partir en courant ». Des élèves parlent d’allusions sexuelles en cours, de messages envoyés inappropriés. P. Vey prenait des photos des garçons torse nu. Une mère témoigne d’un « douce nuit » envoyé à son fils. Un élève le compare à « un gourou », un autre le qualifie de « graveleux ». L’enseignant était en poste de 1993 à 2023.
Mécanique de silence et absence de compassion
Cette mécanique de silence, de défiance envers les enfants comme les lanceurs d’alerte, abîmés par les récits et la lutte représente une violence supplémentaire. La lanceuse d’alerte est accablée malgré la gravité des faits exposés et de ses alertes. Des plaintes ont été ignorées durant des décennies, comme pour Bétharram, il n’y a pas eu de contrôle ou enquête. Pourtant fin des années 1990, des signaux existaient, l’enseignant avait une relation avec un mineur de 16 ans en classe de Première. Et ensuite ? Plusieurs témoignages disent s’en douter. En 2017, la proviseure du lycée sait qu’il reçoit des élèves à son domicile. La mission note qu’elle évoque au « DASEN de la Marne de l’époque la proximité de l’enseignant avec les élèves garçons ». Le rapport de la mission interne précise que « des liens de proximité de PV avec les cadres de l’Education nationale sont souvent mentionnés au cours des auditions ».
Le rapport interne confidentiel de l’Inspection générale de l’Éducation (IGESR) décrit un enchaînement de décisions erronées, une volonté constante de minimiser, de retarder, de protéger l’institution avant tout. Le comportement de l’enseignant a été non seulement banalisé mais le rapport constate une « absence surprenante de compassion vis-à-vis des élèves y compris a posteriori » de la direction de l’établissement, contrairement à celle exprimée vis-à-vis de l’enseignant qui s’est suicidé. Il n’y a pas eu de remise en question sur ses agissements, « aucun élément ne relevait d’agression sexuelle », selon la proviseure. Lors de l’audition, elle ne remet pas en question les décisions, « si c’était à refaire, je procèderai de la même manière » dit-elle.
Plainte pour non-dénonciation de crimes ouverte et en cours d’instruction
Les co-rapporteurs de la commission d’enquête parlementaire Paul Vannier (LFI) et Violette Spillebout (Renaissance), l’ont souligné lors des auditions : il n’est pas nécessaire d’attendre une condamnation pénale pour suspendre un adulte ou enquêter. Faute de connaissance, de clarté dans les processus et suivi parfois, l’administration a pu confondre le respect de la présomption d’innocence avec l’inaction. La méconnaissance de la responsabilité administrative et disciplinaire concentre alors l’attention sur la dimension pénale, déconsidérant les témoignages.
Les deux député·es ont déposé en avril 2025 un article 40 au parquet et une plainte pour non-dénonciation de crimes est alors ouverte et en cours d’instruction. Elle vise notamment l’ancien recteur de l’académie de Reims, Olivier Brandouy, nommé pourtant au poste de conseiller éducation à Matignon, en septembre 2025… Un « mépris pour les victimes » dénonce la députée Clémence Guetté (LFI).
En réponse à ces défaillances, le rapport de la mission parlementaire publié le 2 juillet 2025propose la création d’une cellule nationale indépendante : Signal Éduc. Elle permettrait aux personnels et aux représentants de parents de signaler des faits hors de la voie hiérarchique — souvent vécue comme un obstacle. Toutefois, une réforme des dispositifs ne suffira pas sans changement profond de culture. Il faut former, sensibiliser, accompagner pour briser l’omerta et faire du signalement un acte de protection, non un geste suspect.
La phrase de l’enquête administrative interne « la mission estime que l’aura intellectuelle particulièrement brillante […] et le rayonnement de la section ont empêché, puis retardé une prise de conscience de la réalité », est écrite au passé : pourrait-elle s’écrire au présent ? La question n’est plus de savoir si l’institution a failli, mais pourquoi elle continue de le faire.
Djéhanne Gani