Clap de fin du SNU, un budget de 4,5 milliards perdu pour l’éducation ? le Premier ministre Lecornu annonce la « mise en extinction » du SNU vendredi 19 septembre 2025. Un budget colossal englouti, au détriment de l’éducation et de la jeunesse.
Une gabegie financière, de l’ambition à l’extinction
Lancé en 2019 et porté par l’Élysée, le Service National Universel (SNU) sera supprimé au 1er janvier 2026. La « mise en extinction » du dispositif est désormais actée par le Premier ministre Sébastien Lecornu, ministre démissionnaire des Armées et nommé récemment Premier ministre.
Selon un rapport sévère de la Cour des comptes, entre 3,5 et 5 milliards d’euros ont été dépensés pour cette expérimentation aux résultats incertains et aux ambitions jamais atteintes. Et surtout, c’était un budget pris sur l’Éducation nationale, qui en paie encore le prix. Budget supprimé par le Sénat, épinglé par un rapport parlementaire comme de la cour des Comptes, malgré le volontarisme politique, les jours du SNU semblaient comptés.
Une lubie conservatrice, une vision militariste de la jeunesse
Le SNU avait été voulu comme un symbole de « cohésion nationale » : uniforme, lever de drapeau, hymne national, et « mission d’intérêt général ». Initialement destiné aux jeunes de 15 à 17 ans, il relevait d’une double tutelle : Éducation nationale et Armée. En 2024, il avait même été intégré au temps scolaire pour les élèves de Seconde volontaires. De nombreuses dérives lors de séjours ont été denoncées. Syndicats enseignants, organisation de jeunesse et partis politiques de gauche et écologistes critiquaient le SNU, dispositif de militarisation plus que d’éducation.
Porté par une politique volontariste de l’Élysée et de Matignon, le SNU devait être généralisé à partir de 2026. Gabriel Attal, alors Premier ministre, l’avait annoncé comme une priorité. Loin de cette promesse, la décision de mettre fin au SNU marque un revers politique majeur.
L’école paie pour un projet inutile
L’abandon du SNU s’inscrit dans le programme gouvernemental « État efficace », destiné à rationaliser les dépenses publiques. Mais pour beaucoup, c’est l’école qui a payé l’addition. Le budget de l’Éducation nationale a été amputé, au moment même où les enseignants manquent, où les classes sont surchargées, et où les conditions d’apprentissage se dégradent.
Quand les débats budgétaires sont brûlants, la vraie question est : combien de postes et de moyens perdus pour l’école ?
Quelle vision de la jeunesse ?
À travers le SNU, c’est une certaine vision autoritaire de la jeunesse qui a été portée : une jeunesse à encadrer plutôt qu’à accompagner et émanciper, soit une logique plus répressive que pédagogique, plus militariste qu’éducative. Les défenseurs de l’école publique et de l’éducation populaire le martèlent : les jeunes n’ont pas besoin de drapeaux, mais de profs, de structures, de culture, et de confiance. A noter que Sarah El Haïry qui était ministre « chargée de la jeunesse et du SNU » a été nommée Haut-Commissaire à l’enfance en mars 2025.
La mise en extinction du SNU au profit du Service Militaire Volontaire, sans moyens réels, est « une annonce démagogique, sans dimension pédagogique ni vision émancipatrice. C’est la garantie d’aboutir à un dispositif aussi artificiel que le SNU » selon le député écologiste Jean-Claude Raux de Loire-Atlantique qui était rapporteur pour la commission des affaires culturelles et éducation en 2024.
Il enfonce le clou à l’annonce de la « mise en extinction » du dispositif décrié : « Ce dont la jeunesse a besoin, c’est qu’on l’écoute, pour une fois. Ce sont des moyens pour l’éducation populaire et la pratique sportive ».
Si la suppression du SNU apparait comme une victoire pour celles et ceux qui l’ont combattu, elle n’efface ni les milliards engloutis dans ce projet dénoncé de toutes parts, ni sa logique répressive, militariste plus qu’éducative.
Djéhanne Gani
Dans le Café pédagogique
Le rapport accablant de la Cour des Comptes
Le Sénat supprime le budget du SNU