L’édition 2025 du rapport « Regards sur l’éducation de l’OCDE », publiée le 9 septembre, accorde une attention particulière à l’enseignement supérieur. Parmi les grands constats : une hausse du niveau de formation, un déterminisme social toujours marqué dans les pays de l’OCDE mais aussi un manque d’attractivité des domaines scientifiques. Décryptage.
Le poids du milieu social : un déterminisme éducatif fort
Dans l’ensemble des pays de l’OCDE, les enfants de parents diplômés ont significativement plus de chances de l’être eux-mêmes. Le milieu social reste un facteur clé de réussite scolaire, malgré la démocratisation de l’accès à l’enseignement supérieur.
En France, 75 % des 25-34 ans dont au moins un parent est diplômé obtiennent un diplôme de l’enseignement supérieur, contre 32 % pour ceux dont les parents n’ont pas terminé le deuxième cycle du secondaire. L’écart de 43 points entre ces deux groupes place la France dans la moyenne des pays de l’OCDE, où l’écart atteint 44 points.
Niveau de formation en hausse
Dans les pays de l’OCDE, 48 % des jeunes adultes sont titulaires d’un diplôme de l’enseignement supérieur. En France, cette proportion atteint 53 %, en hausse de 5 points depuis 2019. Parallèlement, la part des jeunes adultes sans diplôme du deuxième cycle du secondaire continue de baisser : 13 % en moyenne OCDE, contre 11 % en France.
Diplôme, emploi et salaires : des écarts marqués
En 2024, dans les pays de l’OCDE, 12,9 % des jeunes adultes sans diplôme sont au chômage, contre 6,9 % pour les titulaires d’un diplôme du 2e cycle secondaire, et 4,9 % pour ceux ayant un diplôme du supérieur. En France, la situation est plus contrastée et le taux plus élevé dans toutes les catégories : 18,5 % des jeunes adultes sans diplôme sont au chômage, contre 9,9 % pour ceux avec un diplôme du secondaire, et 6,3 % pour les diplômés du supérieur.
Le niveau de ddiplôme en restant fortement lié au milieu d’origine réduit le risque de chômage et influence fortement aussi les perspectives d’emploi. Le diplôme protège, mais moins en France qu’ailleurs, surtout pour les niveaux intermédiaires.
Des écarts de revenus importants, surtout pour les diplômés du supérieur
Le diplôme du supérieur reste un levier de mobilité sociale, bien que moins efficace pour les niveaux inférieurs.
Côté revenus, l’écart salarial entre un travailleur diplômé du secondaire et un non-diplômé est de 17 % en moyenne OCDE, contre 14 % en France.
Mais l’écart est plus marqué en France entre diplômés du supérieur et titulaires du secondaire, atteignant 60 %, contre une moyenne inférieure dans l’OCDE.

Compétences : des écarts persistants selon le niveau de diplôme
Les inégalités se retrouvent aussi dans les compétences en littératie. Selon l’enquête PIAAC de l’OCDE, en 2023, les adultes diplômés de l’enseignement supérieur en France obtiennent en moyenne un score supérieur de 47 points en littératie par rapport à ceux qui ne le sont pas — un écart plus important que la moyenne OCDE (34 points).
Plus largement, les compétences en littératie restent faibles. En France, 30 % des adultes (25-64 ans) ont des compétences de niveau 1 ou inférieur (contre 27 % en moyenne OCDE),
Cette proportion monte à 70 % chez les adultes sans diplôme du secondaire. Même parmi les diplômés du secondaire, 36 % ont un niveau faible en France (contre 30 % en OCDE). Chez les diplômés du supérieur, ce chiffre tombe à 8 % en France.
Ces chiffres soulignent que l’accès à l’éducation ne garantit pas l’acquisition de compétences solides.
Choix de filières : un manque d’attractivité des filières scientifiques
En France, 34 % des étudiants choisissent les filières commerce, administration et droit.
À l’échelle de l’OCDE, ce sont les filières STIM (sciences, technologies, ingénierie et mathématiques) qui dominent, suivies du commerce/droit (23 %).
Accès record au supérieur mais un taux de réussite faible
La France affiche le taux d’accès au supérieur le plus élevé de l’OCDE : 95 % des candidats obtiennent une place. Mais le rapport souligne que seuls 34 % obtiennent leur licence en 3 ans (contre 43 % en OCDE) et 46 % en 4 ans (contre 59 % en OCDE). A noter des écarts de réussite genrés les filles réussissent mieux que les garçons. Cet écart est particulièrement marqué en France (39% pour les filles et 25% pour les garçons) dans la réussite de la licence en 3 ans. L’écart est plus faible en Angleterre ou en Islande.
Plus de diplômés de master en moyenne, 1 sur 4

Avec 26 %, contre 16 % en moyenne dans l’OCDE, la France compte une proportion plus élevée d’étudiants diplômés de master.
Le rapport Regards sur l’éducation 2025 de l’OCDE confirme une élévation du niveau de diplôme en France, mais aussi la persistance d’inégalités éducatives profondes. Le diplôme reste un levier de réduction du chômage et d’amélioration du revenu. Le rapport pointe également que l’acquisition de compétences en littératie, comme l’attractivité des filières scientifiques, reste un défi majeur.
Djéhanne Gani