Après un doctorat et des années d’enseignement dans le supérieur, Marine Espinat enseigne l’allemand depuis 2017 dans un lycée rural, le lycée Giraudoux, à Bellac, dans l’académie de Limoges. A l’occasion de la Journée Franco-Allemande, elle travaille avec une classe de 2Nde et une classe de Terminale sur la notion de l’amitié. La Journée Franco-Allemande du 22 janvier célèbre le Traité de l’Elysée signé en 1963 entre De Gaulle et Adenauer, scellant un partenariat entre les deux pays. Autour de cette date, les écoles et les établissements scolaires sont invités à organiser des activités mobilisant l’ensemble de la communauté éducative. La “journée franco-allemande” a lieu avec le soutien de nombreux partenaires, dont l’Office franco-allemand pour la jeunesse (Ofaj), le Goethe-Institut, l’Association de développement de l’enseignement de l’allemand en France (Adeaf), les Maisons franco-allemandes et de nombreuses entreprises qui peuvent accueillir des classes lors de la “Journée découverte” mise en œuvre par l’OFAJ.
« Rendre l’allemand visible »
La date du 22 janvier est un rendez-vous que les professeurs d’allemand connaissent bien, elle est souvent l’occasion de mettre l’allemand à l’honneur dans les établissements. Marine Espinat ne fait pas exception dans cette entreprise de promotion de l’enseignement de la langue. Pour rendre attractive leur discipline, toujours menacée par la baisse de moyens et la perte d’élèves, les professeurs rivalisent de créativité et d’énergie : organisation d’expositions, de photos, des voyages scolaires, de recherches des élèves sur une ville ou personnalité germanophone, de concours de chants, d’affiches, de projets culturels interdisciplinaires. Les professeures veulent faire rayonner la langue et la culture allemandes dans l’établissement et au-delà pour développer l’apprentissage de l’allemand et partager un peu de l’histoire et la culture allemande.
1963-2023 : 60 ans d’histoire franco-allemande
Le travail de Marine sur la Journée franco-allemande met à l’honneur les 60 ans du Traité de l’Elysée et les « couples franco-allemands ». Les élèves de Terminale ont réalisé un quizz et une frise chronologique sur les « couples franco-allemands » : De Gaulle – Adenauer, Pompidou- Brandt, Giscard d’Estaing- Schmidt, Mitterrand – Kohl etc. SI en Terminale, le travail sonde l’Histoire franco-allemande et de l’Europe, en Seconde, la notion d’amitié est l’occasion de faire une plongée dans la littérature : l’amitié entre Schiller et Goethe est l’occasion d’interroger ce thème.
Evoquer l’amitié franco-allemande permet de convoquer histoire et littérature dans une perspective interculturelle. Ainsi, les panneaux réalisés par les élèves sont en langue allemande, mais s’adressent à tous les élèves du lycée, également à des non-germanistes. Comment rendre compréhensibles et accessibles leurs supports est une question que Marine demande aux élèves d’avoir à l’esprit. Le critère de médiation du contenu – sans passer par la traduction- doit être placé au cœur de la réflexion des élèves : image, date, mise en pages etc. peuvent induire la compréhension des contenus en allemand à non germanistes.
La frise réalisée avec les affiches les fait « manipuler », non pas l’Histoire, mais être en mouvement avec leurs corps pour placer les « couples chancelier(e)- président » sur la frise.
L’exposition sera visible dans le lycée pour sensibiliser tous les élèves. Elle est accompagnée d’un quizz à la manière de la devinette de Karambolage (émission franco-allemande de la chaîne Arte) : des photos prises en France et en Allemagne sont affichées, et à l’aide d’un indice, il s’agit d’identifier si elle a été prise en France ou en Allemagne.
L’histoire franco-allemande pour faire des citoyens européens
Etudier l’histoire franco-allemande à l’occasion de la JFA (Journée Franco-Allemande) permet d’approfondir la connaissance du pays voisin. Marine souligne cet enjeu de la citoyenneté et de l’éveil à la conscience de la citoyenneté européenne et ce d’autant plus depuis la crise sanitaire qui a interrompu les mobilités vers l’Allemagne. Ce projet permet « de véhiculer du contenu sur l’Europe, à défaut de l’expérimenter », précise-t-elle. Marine promeut le programme de l’Office Franco-Allemand pour la Jeunesse, « 60 ans 60 jours » qui permet aux élèves de passer 1 mois en Allemagne. Elle est en lien avec le comité de jumelage de sa ville, qui est « actif et réactif » avec la ville partenaire (Wassertrüninger près de Nuremberg). Elle note que le lien avec le comité rassure les familles dans le projet de mobilité.
La Journée Franco-Allemande 2023 reste un rendez-vous incontournable pour les professeurs d’allemand, loin de l’ambition et des promesses des Traités diplomatiques, ils sont mobilisés sur le terrain, comme le glisse Marine : « même si on perd des heures, on est là » et même si on ne nous aide pas à en [des heures et des élèves] gagner ».
Djéhanne Gani